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Sur les pas de St François

17 avril 2019

Les Pyrénées Catalanes - Avril 2019

Le projet de départ, c'était "Je viens marcher un bout avec toi..." et comme ça ne c'est pas fait, il est devenu "Allons ensemble inventer un chemin qui nous est propre"

6 jours de marche le long de la côté Méditerranéenne, à cheval sur la frontière espagnole, entre Port Vendre et le Cap Creus. Et pour moi la découverte du bivouac.

  • J'ai été fascinée par la beauté des paysages
  • J'ai adoré la nature sauvage et la flore en pleine explosion
  • J'ai aimé passer mes journées dehors au vent et au soleil
  • J'ai apprécié les récits et les silences, les échanges et les réflexions personnelles.
  • J'ai aimé expérimenter, ressentir, apprivoiser
  • J'aurais souhaité que cela soit plus à mon rythme pour vraiment m'en imprégner, prendre le temps, mieux savourer
  • J'ai envie de repartir...

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22 décembre 2018

Chemin de St Guilhem le Désert - Epilogue

Je me suis beaucoup posée la question (et on me l'a posée quelquefois aussi) : qu'est-ce que je fais là à marcher, c'est quoi le sens de ma démarche, c'est quoi pour moi un pélerinage ?

Je n'ai toujours pas de réponse.  Ce texte croisé au fil de mes lectures décrit un aspect de l'aventure

Voici ce qu'est un Pèlerin :

1- Quand le besoin de rejoindre saint Jacques te prendra
sans précipitation, avec soin tu te prépareras,
les conseils d'anciens pèlerins tu recueilleras.

2- Juste de l'essentiel tu t'équiperas,
avec modestie le chemin tu débuteras,
dans ceux de millions d'autres tes pas tu mettras.

3- Avec attention ton corps tu écouteras,
hygiène et soin tu lui donneras,
tes pieds en particulier tu soigneras.

4- Les habitants croisés tu salueras,
un sourire, un bonjour tu offriras,
quelques mots tu échangeras.

5- Les autres pèlerins tu aideras,
leur silence tu respecteras,
mais réconfort tu leur apporteras.

6- Faune et flore tu admireras,
après toi, aucun déchet tu ne laisseras,
seule la trace de tes pas restera.

7- En marchant, à la réflexion tu t'adonneras,
pour tes proches, vivants ou disparus tu prieras,
car dans les moments difficiles ils seront avec toi.

8- En chemin le temps tu prendras,
les paysages tu apprécieras,
de la beauté de la nature tu t'empliras.

9- En gîte point d'esclandre tu ne feras,
au respect des autres tu t'obligeras,
et même le ronfleur tu ne maudiras...

10- Chez l'habitant qui t'accueillera,
simple et généreux tu seras,
sachant qu'aux prochains pèlerins ça profitera.

11- Que tu sois croyant ou pas,
de la foi des autres tu ne te moqueras,
et les lieux saints, avec respect, tu visiteras.

12- À ton retour, de ton expérience tu parleras,
dans sa préparation, le futur pèlerin tu accompagneras,
et, peut-être, ton prochain pèlerinage tu prépareras...

Christian Bobin, lui, dans "La nuit du coeur" dit : 

Un pelerin, c'est quelqu'un qui tire son diable sur les chemins pour le faire maigrir

 

Je sais juste que j'ai apprécié cette pause dans mon quotidien, pouvoir aller à mon rythme, passer la journée dans la nature, le plus souvent en solitaire avec une certaine recherche de simplicité. J'ai aimé les rencontres, les partages de vie, facilités par le contexte du passant, la personne que l'on ne connait pas mais à qui on se confie car on sait qu'on a peu de chance de la croiser de nouveau plus tard. J'ai aimé... et j'ai très envie de recommencer !

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21 décembre 2018

Chemin de St Guilhem le Désert - J13

Vendredi 21 Septembre : Les Natjes => St Guilhem le Désert

20180921_093253Réveil naturel juste avant l'heure du petit déjeuner : confitures maison délicieuses et originales. Je décolle un peu avant 8h30, laissant ces dames au bouclage de leurs valises.
Le chemin démarre par une petite grimpette vers le sommet de la montage Seranne, sur un chemin empierré bordé de buis, en guise de mise en jambe. J'apprécie la fraîcheur du matin pour cet exercice. L'arrivée au sommet est récompensée par une vue magnifique sur les Cévennes et le mont Aigoual, dans la brume matinale. Je m'écarte un peu du chemin pour me poser et contempler la vue en silence.

Ma tranquillité est de courte durée : mes compagnes de gîte s'annoncent par leurs conversations bruyantes. Elle s'arrêtent tout près de moi pour prendre des photos, sans me voir, étant cachée par les buissons. A mon insu, je les entends donc râler contre le paysan qui a demandé un supplément de 5€ à l'une d'elle pour avoir dormi seule dans un lit 2 places. Elles qui n'étaient qu'éloge à son sujet la veille après le récit de sa vie, les voilà qui en deviendraient presque méchantes. Cela me rappelle pourquoi j'apprécie autant la solitude parfois.
Je les laisse partir devant un bon moment pour retrouver le silence (elles parlent fort), mais nous passerons la journée à nous croiser régulièrement.

20180921_09113720180921_103024La fin approche : le côté méditerranéen de l'endroit s'affirme, la chaleur est bien présente dès la fin de matinée, le romarin vient s'ajouter au thym et à la lavande. La végétation est toutefois plus dense et haute que par chez moi, avec du buis et de la bruyère. Un peu plus tard, nouvelle pause à côté d'une lavogne, point d'eau pour abreuver les troupeaux. Je m'assoie pour observer les grenouilles qui remontent doucement à la surface après s'être cachées à mon arrivée. Et soudain, sans prévenir, le chien des quatre randonneuses déboule et saute dans l'eau. Adieu grenouilles :)

20180921_145437Une ultime montée mène au Cap du Ginestet, qui offre une vue magnifique sur les Gorges de l'Hérault. Ce passage marque le début de la descente vers St Guilhem sur un chemin caladé. Je sais que le village est dans le creux, mais il n'est pas visible, et la descente se fait interminable. La visite de l'Ermitage Notre-Dame-de-lieu-plaisant me donnerait presque envie de m'arrêter là...

20180921_163435Enfin j'aperçois les vestiges du château et de la porte de l'ancien village médiéval. Je le traverse sans trop m'attarder, je veux d'abord aller poser mon sac et prendre une douche au gîte. J'aurais tout le temps pour visiter ensuite, Eric vient me chercher le lendemain en fin de matinée. A 18h, je répond à l'appel des cloches qui annoncent la messe à l'abbaye. C'est un moment émouvant que de pouvoir rendre grâce pour ce chemin parcouru, ce temps passé avec moi-même, les rencontres, la beauté des paysages traversés.

 

Abbaye

20 décembre 2018

Chemin de St Guilhem le Désert - J12

Jeudi 20 Septembre : Navacelles => Les Natjes

Nuit entrecoupée, comme souvent. Au cours d'un de mes réveils je regarde l'heure sur mon téléphone : 7h. Inutile de chercher à me rendormir. Je me lève donc, sors le petit déjeuner sur la terrasse pour profiter de la fraîcheur du matin et puis à l'intérieur du gîte il fait sombre. A l'extétieur il fait encore bien noir aussi... Je commence à déjeuner et attrape mon téléphone pour voir les nouvelles, et je constate qu'il est à peine plus de 6h... Je me suis trompée en regardant tout à l'heure ! Trop tard pour retourner me coucher, je suis bien réveillée à présent :)
Je profite de cette espace-temps imprévu pour prendre quelques notes sur les jours passés, tâche quotidienne depuis mon départ, mais que j'avais délaissée ces derniers jours.

20180920_092356Je fais un tour dans le hameau et en bord de rivière. Les cascades sont magnifiques. J'aurais bien passé un peu plus de temps en ce lieu magique, et j'imagine organiser un week-end rando avec une ou deux nuitées au fond du cirque. Je suis sûre qu'il y aurait même des volontaires pour m'accompagner.
Mais à présent il me faut reprendre la direction de St Guilhem, ce qui signifie sortir du fond du cirque.
Sans réseau téléphonique depuis la veille au soir, mon téléphone me signale par une salve d'avertissements sonores, l'arrivée de nouveaux messages à mesure que je m'élève sur le petit raidillon. Une conversation par SMS s'engage avec ma compagne de marche du jeudi, comme si elle marchait à mes côtés, c'est assez surréaliste :D
Ce chemin en corniche est bien agréable, avec le bruit de l'eau qui coule en bas. La vue sur la gorge est splendide.

20180920_121326Vers 11h je m'octroie une pause à l'ombre d'un bouquet d'arbre. Le petit déjeuner de 6h est déjà loin. Arrive un randonneur qui marche d'un pas très rapide. Il s'arrête toutefois en me voyant et la conversation s'engage. Il me raconte qu'il randonne en autonomie et déplore la difficulté de ravitaillement aussi bien en nourriture qu'en eau. La veille il a demandé à une dame qui était sur le pas de sa porte car il n'avait trouvé ni robinet ni bar ou commerce ouvert. Elle l'a gentiment invité à planter sa tente dans le jardin pour la nuit ce qui lui a aussi permis de recharger aussi son téléphone. Il espère pouvoir ainsi finir sa balade sans encombres. Il repart aussi vite qu'il était arrivé et je ne tarde pas à le perdre de vue. Le chemin longe le canal d'irrigation et je ne suis pas très attentive au balisage. Mais lorsque je finis par déboucher sur une route, sans aucune indication de la direction à prendre, force est de constater que je ne suis plus sur le bon chemin. En effet, peut après mon arrêt, j'aurais du emprunter un chemin qui permettait de monter sur le plateau. En consultant mon guide je réalise que j'ai un bon bout à faire si je veux revenir sur mes pas. L'autre possibilité est de monter directement par la route. Sur le papier ça semble une bonne idée. Mais sur le papier seulement : après seulement 2 virages sous le plein soleil de midi, je n'en peux déjà plus, et le sommet est encore loin. Pendant que je continue à grimper, deux voitures passent dans le sens de la descente, trois motos dans celui de la montée. Quand enfin j'entends une voiture dans le sens de la montée, je n'hésite pas une seconde et lève le pouce. Le conducteur s'arrête, un peu surpris, mais accepte volontiers de me déposer au village en haut de la côte. Il me demande d'où je viens et me confie que dans 6 mois, une fois qu'il sera en retraite, il a pour projet de faire le chemin de Compostelle en 3 fois. Je le remercie chaleureusement quand il me dépose à l'entrée du village, il semble vraiment heureux d'avoir pu m'aider.

En cherchant à me remettre sur mon chemin, je découvre un snack ouvert et décide d'une pause salade que je savoure comme un cadeau providentiel. Il est difficile de repartir : les paysages comme le climat sont de plus en plus méditerranéen. J'ai aperçu du thym et le la lavande au bord du chemin dans la matinée. Le soleil cogne fort, l'air est chaud et sans un souffle de vent. Le chemin déroule son ruban enter les buis et les chênes, avec de belles vues sur les gorges et le causse que j'ai quitté la veille de l'autre côté.

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Le gîte du soir est une ferme perdue dans une zone désertique. Son propriétaire a mis 25 ans à la retaper. Je devais partager le dortoir avec un groupe de 4 femmes (et un chien) mais à leur arrivée, elles choisissent les chambres individuelles. Me voici donc encore seule dans une grande chambrée. Au dîner, notre hôte nous partage l'histoire de son exploitation, avec une passion très émouvante.

19 décembre 2018

Chemin de St Guilhem le Désert - J11

Mercredi 19 Septembre : Avèze => Navacelles

20180919_085203Le guide indique une forte montée pour quitter Avèze, à 8h je suis donc en chemin pour profiter de la fraîcheur matinale. La montée se fait dans les bois, impossible de savoir où j'en suis. Après une bonne suée, me voici enfin au sommet. Je m'accorde une pause déjeuner bien qu'il soit encore tôt, ça fera toujours ça de moins à porter dans le sac. Je prendrais une boisson chaude au prochain village. Bonne inspiration, car arrivée au village en question, le resto est fermé. Des habitants m'indiquent que la boulangerie un peu plus haut fait également épicerie et vend aussi des boissons chaudes. Mais il faut que je me dépêche, car elle ferme à midi, c'est à dire dans 10 min. J'ai juste le temps de commander un thé que j'accompagne d'une tartelette aux prunes excellente. Je ne m'attarde pas, pour que la caissière puisse fermer boutique. Ce n'est pas la pause dont j'avais rêvé, mais le thé m'a fait du bien. Me voilà prête à affronter les 10km de causse prévus avant d'atteindre les abords du cirque de Navacelles.

20180919_132844Ça y est, je suis bien dans le Sud : le soleil qui cogne, la végétation basse et sèche, les sentiers caillouteux...Et une étendue désertique à perte de vue. Le chemin est en fait une petite route départementale qui fait un grand détour sur le plateau sans aucun intérêt. J'apprendrais plus tard que le tracé du GR a été modifié récemment pour ne plus passer dans les pâtures à cause des attaques de patous. J'aurais bien fait du stop... s'il y avait eu des voitures :D

L'arrivée à Blandas, coquet petit hameau, marque la fin de la traversée du causse. Là encore, le bar est fermé. Mais des bancs et l'accès à un point d'eau offrent une pause rafraîchissante. Encore quelques kilomètres et j'atteinds le belvédère qui surplombe le cirque. La vue est à couper le souffle.

Navacelles

Après avoir bien admiré, il faut prendre la direction de la descente, puisque c'est dans un gîte blotti au creux du cirque que j'ai réservé pour la nuit. Les nombreux avertissements quant à la difficulté du chemin sont un peu stressants. Mes pieds reconnaissent ce type de parcours : cela ressemble à certains passages dans les calanques ou la Ste Victoire. Mais habituellement, je n'ai pas un gros sac qui me pousse au fesses, aussi, en comptant avec la fatigue, une concentration maximale est de rigueur.

20180919_18333120180919_183239Il est déjà bien tard lorsque j'arrive dans le hameau. Le gîte est adossé à l'église, mais depuis que j'ai quitté la Lozère, il est de plus en plus rare de les trouver ouvertes. Je ne pourrai pas visiter celle-ci. J'apprends que je suis seule à occuper le gîte, je m'y installe comme chez moi. Je discute un moment avec le propriétaire puis m'attable sur la terrasse devant une belle assiette de fromages/charcuterie/crudités. Je savoure le calme et la magie du lieu. Mais la fatigue a raison de moi. A 20h30 je suis au lit et dors déjà.

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18 décembre 2018

Chemin de St Guilhem le Désert - J10

Mardi 18 Septembre : L'espérou => Avèze

Après encore une bonne discussion au petit déjeuner avec le couple septuagénaire, nous nous éparons au sortir du gîte. Je souhaite passer au village pour trouver un peu de ravitaillement, ne comptant plus sur l'opportunité de pouvoir m'attabler en route.

20180918_093726La journée démarre dans le brouillard. Il est prévu qu'il se lève dans la matinée, mais pour l'instant, me voilà en train de traverser une forêt de d'immenses résineux dans une nuage cotonneux et humide. Pour la première fois depuis mon départ, je sors la protection pluie de mon sac. Pour ma part, la température est douce et comme la montée me fait bien transpirer, un peu plus ou un peu moins mouillée... Après plusieurs passages de cols, ce n'est qu'en redescendant sur l'autre versant que le soleil fait enfin son apparition. L'environnement a encore changé et commence à évoquer un je ne sais quoi de familier. Le Sud se rapproche...

Je m'installe dans un creux de rocher en surplomb du Vigan pour faire ma pause pique-nique. Depuis le départ de l'Espérou, j'ai doublé et été doublée plusieurs fois par mon compagnon de chambrée de la Viale. Nous avons sensiblement le même rythme, lui marchant plus vite mais faisant des pauses plus longues. Nous échangeons quelques mots puis chacun retrouve sa solitude jusqu'à la fois suivante : c'est comme un jeu :)

20180918_160604Le Vigan est une ville moyenne nichée au creux d'un vallon. On devine l'opulence ancienne aux maisons cossues et hôtels particuliers, vestiges du temps des grandes foires marchandes. L'ambiance aujourd'hui y est plutôt celle d'une ville de province sur le déclin, avec une population et des infrastructures vieillissantes, et une offre de services limitée. Les seuls hébergements proposés sont un hôtel et des chambres d'hôtes qui ne me font pas du tout envie. Les campings référencés sont déjà fermés. Je tente ma chance en appelant l'un d'eux qui est un peu à l'écart du chemin. Après quelques questions, mon interlocuteur au téléphone me donne des indications pour le trouver. Lorsque je m'y présente, je découvre qu'en fait ce camping est également fermé, mais il est tenu par un couple agé qui loge sur place tant que le temps reste au beau. ils m'offrent l'emplacement pour la nuit et l'accès aux sanitaires. La dame est heureuse d'échanger avec moi à propos de mon périple pendant que je monte la tente. Elle propose même de mettre son réveil à sonner le lendemain, pour me permettre de quitter le camping par la porte au fond du terrain, m'évitant ainsi quelques centaines de mètres le long de la nationale (ils conduisent un peu comme des fous dans la région).

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17 décembre 2018

Chemin de St Guilhem le Désert - J9

Lundi 17 Septembre : Meyrueis => l'Espérou

Réveil en fanfare par des portes qui claques et les bruits d'écoulement des chasses d'eau et des douches. Le club des randonneurs du Calvados est à fond, ça s'agite dans tous les sens, à tel point qu'à 7h00 tout le monde est prêt alors qu'ils avaient prévu un départ à 8h00, quel enthousiasme !

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Pour moi le décollage est plus dur. J'ai mal sous les pieds et la fatigue se fait sentir. Je prends le temps de ranger tranquillement mes affaires, de discuter avec nos hôtes, un jeune couple très sympatique, qui en plus du gîte organise des descentes de rivière en été. A Meyrueis, je visite le temple protestant, l'église et fait quelques courses avant de me décider enfin à emprunter la montée qui quitte le village. Par bonheur, celle-ci est progressive dans la forêt et finalement l'effort est moindre que ce que je redoutais. A un moment je m'accorde une pause sur une belle pierre à côté d'un filet d'eau qui traverse le chemin. Sur le point de repartir, un bruit de froissement attire mon attention sur la pierre voisine posée en plein soleil, pour avoir juste le temps d'apercevoir le corps d'un serpent de belle taille plonger dans la végétation ! Ouch, à l'avenir, j'inspecterais plus méticuleusement là où je pose mes fesses : petite frayeur rétrospective ;)
J'avais prévu de m'arrêter déjeuner à Camprieu, indiqué comme un bourg assez important sur mon guide. Mais entre mon départ tardif et mon rythme, disons, mesuré en montée, la cuisine du seul petit resto en coeur de village vient de fermer quand j'arrive et la serveuse mal aimable ne fait aucun effort pour me proposer autre chose en dépannage. Tant pis, il me reste une pomme et des fruits secs. Du coup, je ne m'attarde pas et reprends la route, il me reste un col à franchir.

Après avoir quitté Camprieu, le chemin longe la toute petite rivière nommée le Bonheur, et passe à travers champs ou paissent les troupeaux de moutons. A un embranchement, j'interprète mal la description du guide et rate le chemin qui mène aux ruines de l'abbaye Notre Dame de Banahuc, le "petit Saint-Bernard" des Cévennes. Qu'à cela ne tienne, le chemin en grimpant offre une très jolie vue sur les vestiges. Et une fois au col, le regard embrasse la totalité de la vallée du Bonheur, c'est juste magnifique et mérite une pause méditative.

Vallee du bonheur

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Avant d'arriver à Camprieu, j'avais passé du temps à essayer de me trouver un hébergement pour le soir. Des deux gîtes mentionnés dans mon guide, l'un était fermé et l'autre n'a pas donné suite au message laissé sur son répondeur. Le numéro indiqué pour le camping s'avère être celui de la mairie, et l'employée municipale qui me répond m'apprend que celui-ci a été fermé pour raisons sanitaires et m'oriente vers l'office de tourisme. Là on me donne les coordonnées d'un autres gîte. Il s'agit en fait de chambres louées par un agriculteur haut en couleurs. Me voilà rassurée sur le fait de dormir à l'abri, avec en prime l'assurance d'un repas chaud (ici la demi-pension n'était pas négociable, mais comme je n'avais pas déjeuner, cela tombait plutôt bien).
Après le col il me reste encore un bout de chemin pour arrivée à l'Espérou. Après une rapide visite de l'église, je peine un peu à trouver mon logement et il est déjà tard lorsque je m'y présente. Juste le temps de prendre une douche et je suis invitée à rejoindre le couple qui occupe une autre chambre pour passer à table. Je passe une agréable soirée en leur compagnie, le mari assurant à lui seul la conversation, de façon fort plaisante et intéressante. Je n'en dirais pas forcément autant de notre hôte...

Esperou

16 décembre 2018

Chemin de St Guilhem le Désert - J8

Dimanche 16 Septembre : La Viale => Meyrueis

20180916_07202320180916_085059Après une bonne nuit de sommeil et un petit déjeuner constitué de mon reste de pain et fromage, ainsi qu'un peu de miel délicieux offert par notre hôtesse, je me mets en route juste après 8h. A la sortie du hameau, je quitte le chemin pour aller visiter l'église de St Pierre des Tripiers. Encore une fois je suis surprise de la trouver ouverte. Eglise romane toute simple du 12e siècle dont les bâtiments conventuels ont été restaurés en gîtes touristiques.

Peu après la sortie du village, j'ai un doute sur la direction à prendre, mais j'aperçois au loin mon compagnon de gîte qui m'a devancée pendant ma visite. Je poursuis donc dans sa direction. Mais le doute persiste et échaudée par ma mésaventure de la veille, je reviens sur mes pas pour m'assurer de n'avoir rien raté. Et effectivement, j'aperçois mon collègue au loin qui lui aussi fait demi-tour. La vérité est ailleurs... :)
Une fois sur le bon chemin, je laisse mon acolyte me doubler et prendre de l'avance en m'offrant une pause avec vue sur les gorges. Au loin (et depuis un moment) résonne le son de basses de musique techno : rave partie qui s'éternise ou particulier qui ne craint pas de gêner ses voisins ? Toujours est-il que le son porte loin et qu'il m'accompagnera un bon moment.
Après avoir traversé un hameau de quelques belles maisons de pierres (fermées ou abandonnées pour la plupart), je fais la rencontre d'un troupeau de moutons dans les sous-bois. Puis traversée du village de Hyelzas avec sa ferme caussardienne, sa chapelle, sa fromagerie et les panneaux pédagogiques qui expliquent l'élevage des moutons.

La Viale

 

J'avais envisagé de déjeuner à l'aven Armand, mais l'entrée du site ne se trouve pas directement sur le chemin et une fois sur place, je le trouve peu engageant. De plus je ne suis pas sûre du tout d'y trouver qq chose à mon goût (quelque chose me dit qu'on est déjà hors saison là aussi) aussi je préfère me poser au milieu du Causse, devant ce paysage désertique propice à la méditation, et grignoter les quelques provisions qui me restent. Le chemin est monotone sans être ennuyeux et en fin de journée s'annonce la descente vers Meyrueis et une vue magnifique sur les gorges de la Jonte. A l'approche du village, j'ai la mauvaise surprise de découvrir que le gîte réservé pour la nuit est un peu en dehors, ce qui nécessite un détour de 600m en bord de route. Ce sont toujours ces quelques mètres supplémentaires qui sont les plus difficiles. Heureusement le gîte est superbe et l'accueil chaleureux. J'y retrouve mon compagnon de la veille, mais cette fois nous ne sommes pas seuls. Le gîte accueille plusieurs groupes de randonneurs prêts à partir pour des balades de quelques jours.

Causse

15 décembre 2018

Chemin de St Guilhem le Désert - J7

Samedi 15 Septembre : Les Vignes => La Viale

Cette fois j'avais pris le temps de choisir un emplacement bien plat pour ma tente. La chant de la rivière si agréable en journée aurait pu se révéler problématique pour le sommeil, mais au final, le grondement continu des flots a plutôt un effet apaisant. Il n'y a que le lampadaire sur l'autre rive que je n'avais pas anticipé et qui baigne ma tente de sa lumière. Tant pis, il faudra faire avec.
Au matin, il fait très frais et surtout très humide. Je retourne au bar de la veille pour un petit déjeuner chaud. Pour accéder à la formule petit-déjeuner, il aurait fallu réserver la veille (encore fallait-il le savoir). Je commande malgré tout un thé (trop petit à mon gout) et la gérante finit par me proposer un morceau de baguette et une barquette de confiture industrielle, le tout facturé au prix fort. Ce sont les aléas du voyage à pied, on ne sait jamais sur quoi on va tomber.
De retour au camping, je commence à ranger mes affaires, mais la tente est vraiment mouillée et j'hésite à la ranger ainsi. Au final je m'y résout, le temps passant sans grande amélioration, et l'étape du jour est annoncée longue et difficile. Comme il est déjà 9h au moment du départ, je fais un détour par l'église en espérant qu'elle soit peut-être ouverte, en vain.

20180915_122035Me voici donc sur le chemin en bordure du Tarn en direction du Rozier. Je suis sur la rive à l'ombre et la température est bien fraîche. Toute à mes pensées, je rate une bifurcation et poursuis toujours le long de l'eau jusqu'à ce que je me retrouve bloquée par la falaise qui plonge dans la rivière. Tout en revenant sur mes pas, je me fais la réflexion que de nombreux indices m'avaient alertée, mais que malgré eux, j'avais poursuivi sur la mauvaise route (refusant inconsciemment la montée ?). De retour dans le droit chemin, je découvre que celui-ci s'élève de plusieurs centaines de mètres en surplomb de la rivière. Moi qui avait imaginé pouvoir au moins me tremper les pieds dans l'eau au cours de la journée, c'est raté.
Contrariée, agacée par le bruit des voitures et des motos qui circulent sur l'autre rive, et dont les moteurs résonnent dans la gorge, je trouve ce chemin bien long et difficile. J'en viens presque à regretter d'avoir choisi cette variante.

20180915_143653J'avais prévu de m'arrêter au Rozier pour déjeuner et me ravitailler pour le soir, mais avec mon départ tardif, mon détour et mon allure peu dynamique, j'arrive seulement en début d'après-midi au village. Une pancarte sur la boulangerie annonce "Fermeture annuelle vendredi 14 à 12h". A un jour près, c'était bon. Je trouve du fromage chez un marchand de produit locaux qui vend aussi du pain, ce sera parfait pour mon diner et le petit déjeuner du lendemain. La plupart des restos et boutiques alentours ont leur stores baissés, la fin du mois d'Août marquant de toute évidence la fin de la saison par ici. Et comme il se fait tard et que je n'aspire qu'à faire  une pause, je rentre dans un grill qui ne paie pas de mine mais a le mérite de servir encore. On dit toujours qu'il ne faut pas se fier aux apparences, mais là j'avais raison de me méfier quand même : ce fut le pire repas que je j'ai eu l'occasion de manger durant toute ma balade... Il faut croire que c'était un jour sans ;-)

L'heure tourne et malgré la fatigue,je dois me remettre en route sans trop traîner : il y a une forte montée d'annoncée pour sortir des gorges. Je visite la belle église romane, seul vestige d'un prieuré bénédictin fondé au XIe siècle, avant d'entamer l'ascension. 400m de dénivelé pour remonter sur le Causse, en 4,4km, à même la roche. Comme un petit air de calanques par moments... Chargée avec mon sac et ma fatigue, j'ai cru que je n'allais jamais y arriver. Sans parler qu'il faisait bien chaud dans l'après-midi.

20180915_163541Par contre, au fur et à mesure que le chemin s'élève, se découvre une vue prodigieuse sur les gorges de la Jonte, surplombée par le vol majestueux et un peu effrayant des vautours. Mais je ne suis pas sûre d'avoir réussi à apprécier pleinement.
Une fois au sommet il reste encore un bon bout de chemin dans la forêt pour arriver jusqu'au gîte. Me voici de nouveau solitaire après ce petit intermède plus touristique. Arrivée au gîte à 19h, je ne suis pas mécontente de pouvoir enfin m'y poser. C'est un bâtiment entièrement rénové dans un corps de ferme et l'accueil y est chaleureux. Cette fois je ne serai pas seule, un autre randonneur a réservé pour la nuit.

Il arrive encore plus tard... en voiture. En fait il avait déjà parcouru la moitié du chemin l'année précédente en compagnie d'un groupe d'amis qui sont revenus en juin finir la balade. N'ayant pu se joindre à eux, il a décidé de finir le parcours seul et arrivait donc ce soir là pour reprendre de là où il s'était interrompu.

J'ai juste le temps de faire sécher ma tente avant que le soleil ne se couche et je ne tarde pas à en faire autant.

 

14 décembre 2018

Chemin de St Guilhem le Désert - J6

Vendredi 14 Septembre : le Bouquet => les Vignes

Réveillée à 7h je petit-déjeune de mon reste de pain et fromage accompagné d'un thé bien chaud (merci le retour de l'électricité). Le temps de plier la tente et tout remballer, passer rendre la bouilloire aux propriétaires du terrain qui insistent pour m'offrir un café, il est plus de 9h lorsque je décolle enfin. Heureusement l'étape prévue ce jour est annoncée courte et mon sac est allégé du ravitaillement de la veille.

20180914_115619Le chemin reprend à travers bois et champs pour se rapprocher des gorges du Tarn.
J'hésite à faire le détour mentionné sur mon guide par le Point Sublime : l'étape est courte mais j'aimerais ne pas arriver trop tard pour profiter des bords de rivière, et après l'étape de la veille je ne souhaite pas rajouter de la distance. Indécise, je laisse mes pas me conduire sans vraiment décider. Quelques cars et voitures de touristes convergent vers un parking, je suis la même direction. Et là, la vue que je découvre est à couper le souffle : en surplomb des Gorges, le lieu porte bien son nom.

Et par chance, le snack, qui d'après mon guide et internet fermait fin Août, est en fait encore ouvert. Je m'attable en terrasse face à cette vue magnifique, devant une belle salade, et savoure une pause contemplative et nourrissante. Bonne inspiration cette fois encore, car le hameau suivant ou j'avais initialement prévu de m'arrêter déjeuner est comme désserté.

S'ensuit une portion de route goudronnée bien chaude en ce début d'après-midi et enfin l'amorce de la descente vers le Tarn.
Celle-ci se fait par une sente très raide qui coupe à plusieurs reprises la route qui dessine de nombreux lacets. Je crois que j'ai mis encore plus de temps à la descente que je n'en mettais jusqu'à présent dans les montées.

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Au final je ne suis pas arrivée si tôt que cela au village des Vignes, mais suffisamment quand même pour m'installer dans le camping au bord de l'eau et m'octroyer un peu de repos. A tel point que lorsque je me suis enfin décidée à bouger pour faire un tour de village, je me retrouve devant une porte close à l'église (mais peut-être l'était-elle avant aussi ? ), dommage.


Trop tard également pour le ravitaillement, et puis j'ai envie d'un repas chaud, cela fait un moment que j'enchaine les pique-niques.
En attendant l'heure de début de service au bar/restaurant, je flâne dans le coeur du village, lisant les panneaux touristiques : la route qui dessert le village n'a été contruite qu'au début du XXe siècle. Difficile d'imaginer qu'il y a si peu de temps encore, hommes et bêtes se déplacaient sur l'eau à l'aide d'embarcations à fond plat.

Les Vignes

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Sur les pas de St François
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